L’inspiration pour cet article, ainsi qu'une partie des informations qu'il contient, proviennent du livre intitulé "Broken Money" de Lyn Alden. Lyn Alden est une analyste indépendante en investissement et macroéconomie, réputée pour fournir des recherches approfondies aux investisseurs particuliers et institutionnels. Avec une double formation en ingénierie et en finance, elle se spécialise dans l’analyse des systèmes énergétiques et monétaires.
La couverture du livre de Lyn pose parfaitement le cadre de ce que je vais aborder dans cet article. Voici un extrait de ses propos: "Il existe plus de 160 monnaies différentes dans le monde, chacune ayant un monopole local dans sa propre juridiction. Mis à part quelques exceptions, la plupart de ces monnaies se dévaluent rapidement au fil du temps et sont peu acceptées en dehors de leurs frontières. Alors que l’augmentation continue de la production d’énergie et la prolifération de l’électronique ont amélioré le bien-être humain, le système financier mondial n’a pas suivi le rythme et continue de freiner la productivité économique. Cela est particulièrement vrai dans les pays en développement, mais commence à devenir apparent dans les pays développés, où les dettes et déficits augmentent sans contraintes, tandis que les nations du monde entier font face à des vagues d’inflation et de faillites bancaires."
Alors, pourquoi le système financier semble-t-il aggraver de plus en plus la condition humaine? La réponse courte et simple est que l’argent et les monnaies se sont complètement dissociés. Autrefois, des devises comme le dollar et la livre sterling étaient adossées à une valeur tangible, à savoir l’or. Cependant, lorsque l’étalon-or a été officiellement aboli en 1971 aux États-Unis, l’argent et les monnaies sont devenus deux entités distinctes. Cela a permis aux gouvernements avec l’aide des banques centrales de créer autant de monnaie qu’ils le souhaitaient, ex nihilo ("à partir de rien" en latin). L’inflation, la dévalorisation des monnaies et l’amplification des inégalités sont des conséquences directes de l’abus de ce mécanisme. Certains vont jusqu’à affirmer que la création monétaire à partir de rien a joué un rôle crucial dans l’ampleur des deux guerres mondiales (ce thème sera exploré dans un prochain article).
Ce qui est particulièrement insidieux, c’est que la société, de manière générale, continue de nous faire croire que les devises dans lesquelles nous sommes payés ont les mêmes qualités que l’or, par exemple, alors que cela n’est plus le cas depuis plus de 50 ans. En ce sens, on pourrait dire que depuis environ les années 70, aucun d’entre nous n’a réellement gagné d’argent: nous avons tous gagné de la monnaie, qui perd de sa valeur jour après jour.
Cela soulève deux questions fondamentales : qu’est-ce que l’argent, au juste? Et comment pouvez-vous en gagner davantage, alors que vous êtes payés en monnaie?
Qu'est-ce que l'argent, d'où vient-il et comment fonctionne-t-il?
Les registres interpersonnels
Dans la première partie de son livre, intitulée à juste titre "Qu'est-ce que l'argent?", Lyn Alden commence par rejeter l’idée reçue selon laquelle l’argent aurait commencé sous forme de coquillages ou de pièces. L’argent trouve son origine dans des registres, qu’elle définit comme des résumés de transactions qui retracent qui possède quoi. Lyn soutient que ces registres existent probablement depuis l’aube de la civilisation humaine et propose une expérience de pensée simple pour illustrer cette idée.
À l’époque où les humains vivaient encore en tribus, ils tenaient probablement compte des faveurs qu’ils se rendaient mutuellement. Par exemple, un chasseur qui avait réussi à attraper du gibier pouvait partager une partie de sa viande avec un autre chasseur moins chanceux. Ce dernier serait alors naturellement enclin à rendre la pareille à l’avenir. Voici où les choses deviennent intéressantes: Lyn souligne que ce type de registre interpersonnel ne fonctionne que dans un contexte où les individus se connaissent et se font confiance. En effet, ces registres sont inefficaces entre des personnes qui ne se connaissent pas, ne se font pas confiance ou entre celles qui ne se rencontrent qu’une seule fois et ne se reverront jamais. Lorsque les gens savent qu’ils ne reverront probablement pas une personne, cela peut engendrer un comportement manipulateur et trompeur. Le passage massif des populations des zones rurales vers les villes a probablement amplifié ce genre de comportement antisocial, en raison de la diminution des interactions répétées avec les mêmes personnes.
Le troc
Les limitations des registres interpersonnels conduisent naturellement à rechercher une meilleure solution. Théoriquement, le troc pourrait sembler être cette solution. Par exemple, une tribu possédant un excédent de lances pourrait échanger celles-ci contre les fourrures d’une autre tribu, à condition que les deux aient ce que l’autre désire au moment de l’échange. En pratique, cependant, il est rare que les besoins des deux parties coïncident parfaitement. C’est ce qu’on appelle la coïncidence des besoins. Si, par exemple, j’ai un excédent de lait et que j’ai besoin de pain, je dois trouver quelqu’un qui a du pain à vendre et qui a besoin de lait. Les limites du troc deviennent alors évidentes, rendant nécessaire l’émergence d’une autre solution. Cela nécessite un bien ou un service qui puisse être utilisé par chaque tribu comme moyen d’échange pour d’autres biens et services futurs.
Les coquillages
Lyn Alden souligne que pour de nombreuses tribus, la solution a été trouvée dans les coquillages. Ceux-ci possédaient plusieurs qualités idéales: ils étaient rares, nécessitaient des efforts pour être polis et préparés, étaient faciles à transporter et pouvaient même être portés comme parures esthétiques. De plus, contrairement à la plupart des marchandises, les coquillages ne pourrissent pas et ne se détériorent pas. L’utilisation de coquillages pour le commerce était presque universelle parmi les tribus d’Amérique du Nord, d’Afrique et d’Asie. Lyn cite même un fait intéressant: les plus anciens coquillages utilisés pour le commerce ont été découverts en Afrique du Sud, des coquilles d’escargots datant de plusieurs milliers d’années. Elle souligne également que posséder beaucoup de coquillages au sein d’une tribu signifiait qu’on avait rendu de nombreux services à autrui, ce qui renforçait son statut social et faisait de cette personne un partenaire de choix pour des alliances ou des mariages. Cela pourrait bien expliquer le lien historique entre l’argent et le statut. En somme, ces registres basés sur les coquillages étaient finalement régis par la nature, car c’est elle qui imposait des limites au nombre de coquillages pouvant être trouvés, et donc, échangés.
Mais que se passe-t-il lorsqu’une civilisation plus avancée débarque et utilise sa technologie pour produire facilement ces coquillages en masse et les échanger contre les ressources des tribus? Évidemment, la valeur de ces coquillages commence à chuter, jusqu’à devenir insignifiante. Les tribus sont alors obligées de trouver un autre moyen d’échange ou, dans un scénario plus sinistre, cette civilisation plus avancée pourrait acheter toutes leurs ressources et ainsi les asservir indirectement.
L'or
Dans le deuxième chapitre de son livre, Lyn Alden explore l'évolution des marchandises utilisées comme forme d’argent. Les coquillages, bien qu'utiles à une époque, n'étaient pas une forme d'argent robuste. Ils représentaient simplement la meilleure option disponible à ce moment-là. Ainsi, il existe un spectre pour évaluer à quel point quelque chose peut être considéré comme une forme d'argent, en mesurant sa résistance, sa solidité, et sa résilience. Lyn identifie sept critères essentiels pour cette évaluation:
Divisibilité: La facilité avec laquelle on peut la diviser en unités plus petites.
Portabilité: Sa capacité à être transporté facilement.
Durabilité: Sa résistance à l'usure et au temps.
Fongibilité: Le degré de similarité entre chaque unité.
Vérifiabilité: La facilité avec laquelle on peut vérifier son authenticité.
Rareté: La difficulté d'en augmenter l'offre ou la production.
Utilité: Son utilité intrinsèque au-delà de sa fonction monétaire.
L'argent parfait serait donc très divisible, très portable, très durable, très fongible, facilement vérifiable, suffisamment rare pour conserver sa valeur mais accessible et utile à d'autres fins. Au fil du temps, presque toutes les civilisations ont découvert que l'or était l'élément le plus en harmonie avec ces critères (sans que cela signifie nécessairement qu'elles en étaient conscientes).
L'or ne s'use pas, ne rouille pas, est pratiquement indestructible et très malléable. Il est facilement vérifiable grâce à ses caractéristiques sonores et chimiques, et, aujourd’hui, ses propriétés physico-chimiques lui confèrent des applications en médecine, dans l'industrie, etc. Cependant, cette grande valeur a un revers: l'or est devenu trop précieux pour être utilisé dans les petites transactions. C'est pourquoi d'autres métaux comme l'argent (le métal) et le cuivre ont également été adoptés comme formes d’argent, en particulier par les classes pauvres et ouvrières.
Lyn fait un point crucial: l'argent n'est pas une illusion partagée. Autrement dit, on ne peut pas arbitrairement choisir n'importe quoi pour servir d’argent. Si l'on choisit quelque chose de mal adapté, sa valeur peut diminuer rapidement si elle est facilement manipulable.
Dans le troisième chapitre, Lyn explique pourquoi l'or a fini par s'imposer comme la meilleure forme d’argent et pourquoi il conserve encore aujourd'hui sa place en tête de liste. La réponse courte réside dans son offre: l'inflation de l'or n'a qu'augmenté en moyenne de 2 % par an depuis l'aube de l'histoire. En revanche, l'offre de la plupart des autres métaux a souvent augmenté trop rapidement, entraînant une perte rapide de leur valeur par rapport aux biens et services ou pas assez rapidement, ce qui a conduit à une appréciation excessive de leur valeur. Certains métaux sont également consommés en grande quantité en raison de leurs usages industriels et d’autres ont été remplacés au fil du temps par d’autres matières.
Cela nous conduit à deux points importants: rareté et utilité. Typiquement, l'or a un ratio stock to flow (le ratio entre le stock total d'un actif et son flux de production) qui lui permet de gagner progressivement en valeur au fil du temps. Le problème avec la théorie du stock to flow est qu'elle n'explique pas pourquoi l'or a de la valeur, mais seulement comment son prix évolue. On suppose que c'est sa rareté qui lui confère sa valeur. Mais en quoi la rareté seule justifie-t-elle une valeur élevée? Les excréments de certains animaux sont très rares, cela signifie-t-il qu'ils sont précieux? Autrefois, l'or n'avait pas d'applications dans des secteurs comme la médecine ou l'industrie. La demande dans ces domaines aujourd'hui influence-t-elle sa valeur? Et si demain l'or était remplacé par un autre élément plus efficace, perdrait-il sa valeur?
Les monnaies fiat
En remontant aux écrits de Platon et d'Aristote sur l'argent, aucun des deux ne mentionne la rareté comme élément fondamental de la valeur. Tous deux s'accordaient à dire que l'humanité a besoin d'argent pour résoudre les problèmes de coïncidence des besoins et que cet argent doit être facile à utiliser. Cependant, ils divergeaient sur la nature même de l'argent. Pour Aristote, seule une marchandise utile au plus grand nombre peut servir d’argent, comme le sel, ou les pointes de flèche. Utiliser une marchandise qui est très utile pour tout le monde comme forme d'argent semble logique, mais cette approche présente un risque: celui du déclassement. Par exemple, si votre argent était le mica (un minéral utilisé autrefois comme matériau pour les fenêtres), l'apparition et la production massive du verre rendrait votre stock de mica obsolète et donc sans valeur.
Pour résoudre ce problème, Platon proposa que la valeur de l'argent soit déterminée de manière conventionnelle. On invente une monnaie en frappant des chiffres sur des pièces métalliques et on décrète que leur valeur correspond à ce qui est inscrit dessus. Pour faire respecter cette convention, des sanctions sévères, comme la pendaison, sont prévues pour toute tentative de contrefaçon. Ce pouvoir est délégué au roi, donnant naissance à la monnaie fiat (le terme fiat vient du latin et signifie "qu'il soit fait" ou "ainsi soit-il"). Cette monnaie n'a pas de valeur intrinsèque per se mais, grâce à une autorité centrale et des lois, elle acquiert de la valeur. Ce système fonctionne depuis des milliers d'années. Cependant, même ici, un problème majeur subsiste: la centralisation du pouvoir de contrôle de la monnaie permet au "roi" d'en abuser, en dévaluant la monnaie par des moyens tels que le rognage des bords des pièces d'or pour en fondre de nouvelles tout en maintenant leur valeur nominale. Cette dévaluation par l'inflation a pris du temps à se manifester. Lyn donne l'exemple du Denarius, la monnaie de base de l'Empire romain, qui est passée d'une pureté de 95% à seulement 5% en environ 500 ans. D’ailleurs, cette dévaluation par l'inflation progressive a joué un rôle significatif dans la chute de l'Empire romain. Le fait que cette dévaluation se soit produite sur une période si longue a rendu son impact peu perceptible pour la personne moyenne. Si elle s'était produite plus rapidement, des révoltes auraient probablement éclaté. L'histoire plus récente nous révèle que mêmes les gouvernements et les banques centrales ont souvent pris les mêmes raccourcis.
Ce qui est fascinant, c'est comment l'or a finalement surpassé l'argent (le métal) en tant que meilleure forme d’argent. Deux raisons principales expliquent cela: la première est due à une décision prise par Sir Isaac Newton en 1714, lorsqu'il était maître de la Monnaie Royale à la Banque d'Angleterre. Il aurait fixé le ratio officiel or-argent à un niveau trop bas, ce qui a conduit la plupart des pays à adopter l'étalon-or, à commencer par la Grande-Bretagne. La deuxième raison, plus significative, est l'avènement de la technologie. L'introduction de la monnaie papier adossée à l'or, stockée dans les banques, a éliminé l'un des principaux arguments en faveur de l'argent (le métal): sa meilleure divisibilité et son adaptation aux petites transactions en raison de sa valeur plus faible. Grâce à cette innovation, l'or, représenté par les monnaies papier, est devenu facilement transportable, utilisable pour les transactions quotidiennes et une réserve de valeur fiable.
La Route de la Soie
Dans la deuxième partie du livre, Lyn se concentre sur le système bancaire, en explorant son origine et son évolution. Le cinquième chapitre aborde le système Hawala, un réseau de commerçants de confiance qui fonctionnait comme des banques dans les régions du Moyen-Orient, de l'Asie du Sud et d'Afrique du Nord - La Route de la Soie. Ce système existe depuis des milliers d'années. Voici comment fonctionne le système Hawala. Imaginons que la personne A souhaite envoyer 10 pièces d'or à la personne B, située dans une autre ville. Plutôt que de transporter elle-même les pièces d'or ou de faire confiance à un messager, la personne A remet ses 10 pièces d'or à un marchand local, le marchand A, qui connaît et fait confiance à un autre marchand dans la ville de destination, le marchand B. Au lieu d'envoyer les pièces d'or, le marchand A envoie une lettre au marchand B lui demandant de donner 10 pièces d'or à la personne B, avec la promesse de rembourser ce montant plus tard. À la réception de cette lettre, le marchand B remet les 10 pièces d'or à la personne B. Si le marchand B ne respectait pas cet accord, il serait rapidement signalé comme non fiable, ce qui entraînerait son exclusion du système Hawala.
Mais comment le marchand B règle-t-il sa dette envers le marchand A? L'une des grandes innovations du système Hawala est qu'il permet de séparer les transactions des règlements. Par exemple, si la personne B doit à son tour envoyer 10 pièces d'or à la personne A à une date ultérieure, le marchand B pourrait simplement envoyer une nouvelle lettre au marchand A indiquant de remettre 10 pièces d'or à la personne A, annulant ainsi la dette. Grâce à ce système, les transactions pouvaient avoir lieu fréquemment, mais les règlements étaient effectués périodiquement, ce qui simplifiait les échanges commerciaux.
La comptabilité en partie double
En 1494, une autre innovation financière clé est introduite en Italie: la comptabilité en partie double, qui fait l'objet du sixième chapitre du livre. Cette méthode comptable divise les registres en deux parties: les actifs et les passifs ou les crédits et les débits. Le principe fondamental de la comptabilité en partie double est que la somme des débits doit toujours être égale à la somme des crédits, garantissant ainsi que les comptes sont équilibrés et permettant de détecter facilement les erreurs. Cette pratique est devenue le fondement de la banque moderne, le terme "banque" ayant ses racines dans les bancs sur lesquels les comptables italiens s'asseyaient pour traiter avec les marchands.
Tout comme le système Hawala, la comptabilité en partie double a rendu les transactions plus efficaces en réduisant encore plus le besoin de règlements physiques, comme l'échange d'or. L'introduction ultérieure des billets de banque en papier a permis de créer des actifs au porteur, simplifiant encore les échanges. Avant l'arrivée des billets de banque, seuls les propriétaires originels pouvaient réclamer leur or, à moins d'avoir une procuration. Avec un billet de banque, n'importe quel détenteur pouvait réclamer l'or qu'il représentait, ouvrant ainsi le système financier à un plus grand nombre de participants.
Les réserves fractionnaires
Avec l'augmentation de l'utilisation des billets de banque en papier, les banquiers se sont rendu compte que peu de personnes échangeaient ces billets contre l'or qui les soutenait. Cela a conduit à l'émergence du système de réserves fractionnaires. Dans ce système, les banques ne conservent qu'une petite partie des dépôts en réserve (souvent déterminée par une réglementation), tandis que le reste est prêté à d'autres clients. Lorsqu'une banque prête de l'argent, cet argent est redéposé dans d'autres comptes bancaires, augmentant ainsi la masse monétaire totale.
Contrairement à la croyance populaire, ce système n'est pas né de l'avidité des banquiers, mais plutôt de celle des clients. Les marchands Hawala, tout comme les premiers comptables et les premières banques physiques, facturaient des frais pour leurs services. Il va sans dire que la personne moyenne gravitait vers les banques avec les frais les plus bas. Finalement, les banquiers ont commencé à réaliser qu'ils pouvaient prêter une partie de l'or qu'ils détenaient afin de percevoir des intérêts qui seraient utilisés pour offrir des services bancaires sans frais aux clients. Cela a attiré plus de clients, ce qui signifiait plus de dépôts et donc plus de prêts possibles.
Au départ, seule une petite partie de l'or détenu par les banques était prêtée, disons 10%. Juste assez pour couvrir les frais et générer des profits. Mais les banques ont vite compris qu'elles pouvaient prêter davantage, disons 20%, tout en partageant une partie des profits avec les clients, attirant, ainsi, encore plus de clients. Cela a entraîné une réduction progressive des réserves d'or soutenant les billets en circulation. Tant que trop de clients ne demandaient pas leur or en même temps, le système fonctionnait bien. Mais l'histoire est pleine d’épisodes où, justement, beaucoup de gens sont venus demander leur or simultanément, seulement pour découvrir qu'il avait été prêté. Les premiers arrivés récupèrent leur or, tandis que les autres repartent les mains vides. Ces paniques bancaires peuvent être déclenchées par des rumeurs (vraies ou pas) de difficultés financières ou de faillite imminent des banques provoquant une spirale de retraits qui épuise rapidement les réserves des banques. Malheureusement, encore aujourd’hui, beaucoup de personnes continuent à perdre leurs économies suite à des ruées bancaires car ce système repose uniquement sur le degré de confiance qu’on accorde aux banques et non sur la liquidité réelle des banques pour honorer les retraits.
Aujourd'hui, l'or a été complètement retiré de l'équation, suite à la fin de la convertibilité de l'or dans les années 1970. À la place, nous avons un système de réserves fractionnaires basé sur des monnaies dont l’offre n’est pas limitée et produites à partir de rien. Ces monnaies n'ont de la valeur que parce que les gouvernements nous les imposent et nous n’avons pas d’autres choix que de leurs faire confiance.
Prenons l'exemple d'une banque qui n'est tenue de conserver que 10% des dépôts. Si cette banque a CHF 1'000’000 de dépôts clients, elle peut prêter CHF 900’000 à d'autres clients pour des achats comme des véhicules. Les concessionnaires qui reçoivent cet argent le déposent dans leurs banques, qui peuvent à leur tour prêter jusqu'à 90% de ce montant. Ce cycle se répète, augmentant indéfiniment la masse monétaire, sans aucun argent réel pour la soutenir. Malheureusement, ce n'est pas une hypothèse, mais bien la réalité. Pour contextualiser, en se concentrant sur le cas des Etats-Unis, les banques américaines n'ont pas eu de réserves obligatoires depuis la pandémie de 2020. À la fin de 2022, les banques américaines possédaient 22’000 milliards de dollars d'actifs, avec seulement 100 milliards de dollars pour honorer les retraits des clients. Cela représente un déficit de 220 fois ou seulement 0,0045 dollar disponible pour 1 dollar déposé.
Tout cela nous amène à la grande question:
Comment pouvons-nous gagner plus d’argent, protéger sa valeur et maintenir notre pouvoir d’achat?
La première étape consiste à se concentrer sur l’accumulation d’argent plutôt que de devises. Rappelez-vous, nos économies en devises (dollars, euros, francs suisses...) déposées à la banque appartiennent en réalité à la banque et leur valeur fond comme neige au soleil à cause de la création excessive de monnaie. Cela ne signifie pas nécessairement qu’il faut investir dans l’or. Comme vous l’avez appris, l’argent existe sur un spectre. De nombreux actifs, comme l’immobilier, possèdent des propriétés monétaires. Toutefois, il est essentiel de ne pas confondre la valeur fondamentale d’un actif avec sa valeur en tant qu’argent. Un actif à forte utilité ne constitue pas toujours un bon candidat pour devenir de l’argent, tandis qu’un bien sans utilité intrinsèque peut exceller dans ce rôle et protéger notre pouvoir d’achat.
Rappelez-vous que l’argent doit être très divisible, très portable, très durable, très fongible, facilement vérifiable, suffisamment rare pour conserver sa valeur tout en restant accessible et suffisamment utile pour d’autres usages.
L’immobilier, par exemple, excelle en termes d’utilité et de vérifiabilité, il est rare et durable, mais il est faiblement divisible, portable et fongible. Peut-être que la tokenisation des RWA (Real-World Assets, "actifs réels" en français) rendra l’immobilier plus liquide à l’avenir.
Quant à l’or, il est extrêmement durable, très divisible, utile et relativement portable, fongible, vérifiable et rare. Cependant, bien qu’il soit rare, on peut toujours en extraire davantage si cela devient économiquement viable. De plus, sa portabilité a des limites, surtout lorsqu’il s’agit de déplacer de grandes quantités d’or. La tokenisation de l’or pourrait également être une solution ici. Il convient aussi de noter que, bien que l’or en tant que matière première ne devrait théoriquement pas être affecté par les frontières politiques, certaines juridictions refusent l'or provenant de certains pays, ce qui pose un problème de fongibilité. On ne peut donc pas dire que l'or est véritablement de l'argent universel.
En outre, l’immobilier et l’or comportent un risque souvent néglige: la possibilité d’expropriation. La législation de nombreux pays permet aux gouvernements de saisir des biens immobiliers ou mobiliers pour cause d’utilité publique. Un exemple récent en Suisse, à Echallens, illustre cette situation où des agriculteurs ont vu une partie de leurs terres réquisitionnées pour créer une piste cyclable. Le canton fixe le prix et les propriétaires n’ont pas d’autre choix que vendre leur propriété au prix fixé. De plus, l’or n’est pas à l’abri non plus. Par exemple, en 1933, les États-Unis ont saisi l’or de la population sous la présidence de Franklin D. Roosevelt avec l’ordre exécutif 6102.
Il est également possible de voir l'accès à vos actifs et services financiers bloqué, comme cela a été démontré au Canada en février 2022. Le contexte: des camionneurs et leurs partisans ont organisé des manifestations à Ottawa et dans d'autres régions pour protester contre les mandats de vaccination et les restrictions liées à la COVID-19. En réponse, le gouvernement canadien, sous l'impulsion du Premier ministre Justin Trudeau - un globaliste et un fervent adepte du Forum économique mondial - a invoqué la Loi sur les mesures d'urgence. Cela a permis non seulement de geler les comptes bancaires des manifestants, mais également ceux de simples citoyens qui les soutenaient financièrement. Cela inclut des parents qui, émus par la détresse des camionneurs, ont voulu les aider en leur envoyant des dons par transfert bancaire ou carte de crédit. À leur grande surprise, ces citoyens se sont retrouvés incapables de faire leurs courses ou de payer leurs factures, car tous leurs services bancaires avaient été bloqués. Ces événements mettent en lumière les risques inhérents à la centralisation des pouvoirs où un gouvernement peut, sans procédure judiciaire, exercer un contrôle direct sur les ressources de ses citoyens.
Cela dit, les métaux précieux, l’immobilier, les titres financiers (actions, obligations, etc.) demeurent des actifs bien supérieurs aux monnaies fiat.
Alors, l’argent parfait est-il une légende? Le problème n’est pas le type d’actif que nous utilisons comme forme d’argent, mais l’imperfection humaine qui finit toujours par le corrompre. Cependant, il existe un actif qui se rapproche de la perfection. Cela va peut-être vous étonner mais je parle de Bitcoin. Voyons cela en détail:
Divisibilité: Chaque bitcoin est divisible jusqu’à la huitième décimale. La plus petite unité, appelée satoshi ou sat, équivaut à 0,00000001 BTC. Si Bitcoin atteignait un prix de CHF 1'000’000, un sat vaudrait CHF 0,01 - ce qui le rendrait toujours utilisable pour les transactions quotidiennes.
Portabilité: Si vous avez un accès à Internet et votre clé privée, vous pouvez effectuer une transaction depuis n’importe où, à tout moment (24h/7) et pour n’importe quel montant. Environ 10 minutes suffisent pour qu’une transaction soit validée et inscrite sur la blockchain, même s’il s’agit d’une transaction à plusieurs millions. Il n’y a ni autorisation, ni vérification d’une tierce partie, contrairement aux banques. Personne ne peut vous empêcher d’accéder au réseau Bitcoin ni de vous en exclure. Il est ouvert à tous, sans censure, sans discrimination. Aucune autorité ne peut saisir vos bitcoins, et ce qui est primordial à mes yeux, c’est que, peu importe ce qui vous arrive - que votre maison brûle, que vous soyez contraint de fuir une guerre en laissant tout derrière vous ou même emprisonné - vous conserverez toujours vos bitcoins. La seule chose à retenir, ce sont les 12 ou 24 mots de votre clé privée. Cela signifie que vous pouvez transporter une richesse inestimable simplement "dans votre esprit". Pour rappel, lorsque vous créez un portefeuille pour interagir avec la blockchain Bitcoin, deux éléments essentiels sont générés: une clé publique et une clé privée (composée de 12 ou 24 mots). La clé publique, comme son nom l’indique, est visible par tous et sert d’adresse pour recevoir des bitcoins. En revanche, la clé privée est l'élément crucial. C’est elle qui prouve votre propriété des bitcoins et permet de signer des transactions. Celui qui possède cette clé contrôle les bitcoins associés. Ce système repose sur la cryptographie asymétrique, rendant Bitcoin à la fois sécurisé et inviolable. Ainsi, Bitcoin n’est pas seulement un réseau de paiements, c’est aussi une technologie révolutionnaire de stockage de valeur, offrant un accès véritablement universel et sécurisé.
Durabilité: Quelle base de données, quel site internet, quel réseau ou quelle banque n’a pas déjà été piraté, exploité ou volé? Il est difficile d’en citer un. Depuis les débuts d’internet, l'ensemble de l'industrie en ligne a été victime de cyberattaques à répétition. Pourtant, il existe un réseau qui reste, à ce jour, inviolé: le réseau Bitcoin. Depuis sa création en 2009, aucune attaque n’a jamais réussi à compromettre son intégrité. 15 ans de résilience, un record impressionnant. Certains rétorqueront: Oui, mais si demain il n’y a plus d'ordinateurs, plus de serveurs, plus d'internet, plus de réseau électrique, par exemple à cause d'une tempête solaire, il n’y aura plus de bitcoins. C'est vrai, bien que quelque peu dramatique. Cependant, si une telle situation se produisait, l'absence de bitcoins serait sans doute le moindre de nos soucis, car le monde entier sombrerait dans le chaos. De plus, il suffirait d'un seul appareil intact contenant l'intégralité de la blockchain pour relancer le réseau. Pour rappel, il existe différents types de nœuds qui composent le réseau Bitcoin, chacun ayant des rôles spécifiques. Un nœud est tout simplement un ordinateur connecté à d’autres, suivant un ensemble de règles et partageant des informations. Ces nœuds écoutent, enregistrent, transmettent et valident les transactions entre eux. La blockchain Bitcoin est un registre décentralisé des transactions. Il n’y a aucune autorité centrale pour superviser, modifier ou arrêter le flux de transactions. De plus, la blockchain Bitcoin étant publique et ouverte, tout le monde peut contribuer à sa sécurité et à sa décentralisation. Même vous pouvez le faire depuis chez vous. Il vous suffit d’un ordinateur modeste connecté à internet, d’un peu de configuration, et le tour est joué. C’est bien plus simple qu’on ne l’imagine. D’ailleurs, le nombre de nœuds augmente chaque année, renforçant ainsi la sécurité et la décentralisation du réseau.
Fongibilité: Chaque unité de Bitcoin, chaque satoshi, est conçue pour être parfaitement interchangeable avec une autre, ce qui est essentiel pour que Bitcoin puisse fonctionner comme de l’argent universel. Grâce à son code ouvert, à son accessibilité internationale, et à la transparence de la blockchain, Bitcoin préserve cette fongibilité. Cependant, certains scénarios peuvent remettre en question cette fongibilité en raison de la traçabilité des transactions sur la blockchain. En effet, comme chaque transaction est enregistrée publiquement, certains bitcoins peuvent acquérir un statut particulier. Par exemple, les bitcoins de Satoshi Nakamoto (le pseudonyme utilisé par la / les personne(s) ayant développé le réseau) qui n'ont jamais bougé, pourraient être perçus comme rares, tandis que d'autres pourraient être marqués comme suspects s'ils sont associés à des activités illégales. Certaines plateformes d'échange ou services financiers pourraient ainsi refuser de traiter ces bitcoins, les rendant, théoriquement, moins fongibles que d'autres. C’est d’ailleurs pour cette raison que les criminels évitent généralement d'utiliser Bitcoin pour leurs activités, contrairement à ce que les autorités et les médias peuvent parfois nous faire croire. Le cash et les instruments financiers traditionnels restent de loin le moyen privilégié pour les opérations illicites. Cela dit, la fongibilité au sein du réseau Bitcoin demeure intacte et il existe toujours des moyens d'échanger des bitcoins contre d'autres actifs, si nécessaire.
Vérifiabilité: Chaque transaction sur le réseau est enregistrée dans la blockchain et est visible par tous. Cela permet de suivre l'historique de chaque bitcoin, de sa création ("minage") à sa dernière transaction. Cette transparence est particulièrement précieuse pour les entreprises et organisations qui souhaitent prouver l'intégrité de leurs finances, facilitant ainsi les audits grâce à la vérifiabilité de la blockchain. Elle permet également de retracer les transactions et d’éviter les doubles dépenses. Le problème des doubles dépenses est devenu critique avec la montée des services financiers numériques depuis les années 2000. Par exemple, si je vous transfère CHF 100, ce montant doit impérativement être débité de mon compte et crédité dans votre compte. Avec la monnaie physique, ce n’est pas un problème, car nous échangeons littéralement une représentation tangible de la valeur. Il est impossible d’avoir le même billet de CHF 100 deux fois: soit je l’ai, soit vous l’avez. Mais dans le cas des transactions numériques, comment être sûr que ce montant n’a pas été dépensé deux fois, ou, pire encore, que de l'argent numérique ne puisse être créé librement à cause d’une faille informatique? Après tout, il s'agit simplement de code informatique dans une base de données. Ici encore, la question de la confiance se pose: nous devons faire confiance aux banques et aux services financiers qu'ils feront le nécessaire pour éviter les doubles dépenses et le trucage des monnaies. Avec Bitcoin, cette confiance aveugle n'est pas nécessaire: il suffit de vérifier ce que l'on souhaite vérifier. Le concept de "confiance" n’a pas sa place dans l’univers Bitcoin. Et, dernier clos sur le cercueil, une enquête du "National Geographic" en 2021 estimait qu'environ 1 billet de dollar sur 1000 était un faux. Selon le Département du Trésor américain, environ 70 millions de dollars contrefaits circuleraient dans le monde. Certains critiques estiment toutefois que la transparence du réseau est un défaut, car les transactions sont pseudonymes et non anonymes. Les adresses sont anonymes dans la mesure où l'identité des personnes physiques ou morales détenant les clés privées n’est pas connue, mais les transactions elles-mêmes sont publiques. Ainsi, si vous effectuez une transaction vers une plateforme d’échange où vous avez effectué une procédure KYC (Know Your Customer) en fournissant une pièce d’identité, une adresse et un numéro de téléphone, il devient possible d’associer un nom à cette adresse et de retracer toutes les transactions jusqu’à la première. C'est pour cette raison aussi que Bitcoin n’est pas le choix privilégié des criminels. Cela dit, il ne s'agit pas d'un problème du réseau Bitcoin lui-même. Tant que vous payez directement en bitcoins pour des biens et services sans passer par une plateforme d'échange, vous pouvez conserver votre anonymat. Le problème survient uniquement lorsque vous souhaitez vendre vos bitcoins contre des monnaies fiat dans un système financier qui cherche à surveiller chacun de vos gestes. Pour les défenseurs puristes de la vie privée, ils peuvent alors se tourner vers des réseaux comme "Monero", où l'anonymat est garanti par défaut.
Rareté: La rareté de Bitcoin est probablement l’une de ses caractéristiques les plus faciles à comprendre. Il n’y aura jamais plus de 21 millions de bitcoins en circulation. À ce jour, environ 19'750'000 BTC sont déjà en circulation et les derniers bitcoins seront minés progressivement au cours des 120 prochaines années. Il est impossible d’en créer davantage ou de les détruire. Toutefois, il est possible de perdre l’accès à ses bitcoins si l’on perd sa clé privée, rendant ainsi ces bitcoins inaccessibles pour l'éternité. Actuellement, environ 1,75 million de portefeuilles Bitcoin, contenant près de 2 millions de bitcoins, sont inactifs depuis plus de dix ans. Il est probable que ces utilisateurs aient perdu leurs clés privées, ce qui signifie que ces bitcoins sont bloqués pour toujours. Certains analystes estiment que ce chiffre pourrait atteindre 5 millions de bitcoins "perdus". Cela signifie que l’offre de bitcoins en circulation est plus restreinte qu’on ne le pense, rendant cet actif encore plus rare. Mais est-il devenu si rare qu’il est difficile de s’en procurer? Au début, n’importe qui pouvait participer à la sécurité du réseau, ou, en termes plus simples, miner des bitcoins, avec un simple ordinateur, un simple processeur. Cependant, à mesure que le nombre de participants augmentait, la difficulté de minage a également augmenté, nécessitant l’utilisation de cartes graphiques plus puissantes. Bien que plus coûteuses et énergivores, ces cartes étaient encore accessibles à tout le monde, permettant à chacun de miner des bitcoins depuis chez soi. Aujourd’hui, avec l’industrialisation du minage due à la concurrence accrue et à la difficulté de plus en plus élevée, il est devenu pratiquement impossible pour un individu lambda de participer à cette activité. Il faut désormais du matériel informatique très spécialisé, souvent coûteux et difficile à obtenir. Le minage à petite échelle a été remplacé par des opérations industrielles qui cherchent les sources d’énergie les moins chères pour rester rentables. De plus, avec l’arrivée des ETF Bitcoin spot (lire l'article ici), on assiste à une ruée vers le Bitcoin de la part des institutions. Certains gouvernements et banques centrales commencent également à constituer des réserves de Bitcoin ou élaborent des stratégies pour s’exposer à cet actif. En parallèle, les réserves de Bitcoin disponibles sur les plateformes d’échange atteignent des niveaux alarmants. Cela signifie que, si miner des bitcoins est devenu très compliqué pour le plus commun des mortels, si les grandes institutions et fortunes accumulent de plus en plus de Bitcoin et si les plateformes d’échange ont de moins en moins de disponibilité, en ce sens, on peut dire qu’il devient effectivement peu accessible, ce qui est un défaut. Sans oublier que nous sommes 7-8 milliards humains sur terre contre moins de 21 millions de bitcoins - si vous possédez 1x bitcoin, vous appartenez à une élite. Cependant, il est important de souligner que la distribution initiale de Bitcoin a été l'une des plus équitables de l’histoire de la finance. Lancé en 2009 avec un code source ouvert et accessible à tous, Bitcoin permettait à quiconque disposant d’une connexion Internet de participer au réseau en tant que mineur ou utilisateur. Contrairement aux systèmes financiers traditionnels, souvent limités par des barrières géographiques, réglementaires ou économiques, l’accès à Bitcoin était universel. Les premiers utilisateurs n’étaient pas des institutions financières ou des milliardaires, mais plutôt des passionnés de technologie, des libertariens et des curieux. Ces premiers utilisateurs ont pu accumuler des bitcoins à une époque où leur valeur était encore très faible, sans restrictions d’accès. Contrairement à d’autres projets de crypto-monnaies ou à des actifs financiers traditionnels où les créateurs ou une élite d’investisseurs ont souvent un accès privilégié à une grande partie des actifs, Bitcoin a été lancé sans préminage ni prévente. Satoshi Nakamoto a commencé à miner des bitcoins au même moment que n’importe qui d’autre. Tout le monde avait les mêmes chances d’accéder à Bitcoin dès le début. Les règles du réseau étaient et restent les mêmes pour tous les participants, sans contrôle centralisé ni favoritisme.
Utilité: Bitcoin a-t-il une utilité au-delà d’un simple réseau de paiement ou de stockage de valeur? Absolument et c’est simple à comprendre. Il est important, d’abord, de comprendre deux choses fondamentales: (1) Bitcoin est à la fois la monnaie native et la blockchain elle-même. L’un ne peut exister sans l’autre. (2) Les blocs de la blockchain contiennent des données informatiques avec une taille maximale de 1 à 4 Mo. Cela signifie que cet espace peut être utilisé pour stocker d'autres données, au-delà des simples transactions. Des protocoles comme "Ordinals" ont démontré la possibilité d’attacher des données supplémentaires à chaque satoshi, par exemple. Étant donné que le réseau Bitcoin est le réseau le plus sécurisé au monde, il pourrait être utilisé pour stocker des données d'une importance cruciale, garantissant qu’elles restent inviolables. Par exemple, des informations sensibles, des contrats ou des enregistrements officiels pourraient, théoriquement, y être intégrés pour garantir leur intégrité et leur protection contre toute falsification. L’utilisation de la blockchain de Bitcoin pour de tels usages permet de tirer parti de sa robustesse et de son inviolabilité.
Bitcoin n'est peut-être pas de l'argent parfait, mais sur l'échelle allant de l’argent faible à l’argent fort, il a un score presque parfait.
Revenons à la question, Comment pouvons-nous gagner davantage d’argent, protéger sa valeur et préserver notre pouvoir d'achat? La deuxième étape consiste à comprendre ce qu’est vraiment l’inflation, que le taux d'inflation réel est bien plus élevé que celui rapporté et pourquoi il est si difficile d'arrêter la "machine à imprimer".
Je traiterai de l’histoire de l’inflation et de ses conséquences plus en profondeur dans un futur article. Pour l'instant, ce qu'il est nécessaire de retenir, c'est pourquoi nous sommes incapables d'arrêter l'expansion constante de la masse monétaire.
Deux groupes principaux jouent un rôle majeur dans la création monétaire: les institutions gouvernementales et l’élite mondiale, c’est-à-dire les individus ultra-riches concentrant des fortunes, du pouvoir et de l'influence.
Question: comment les gouvernements financent-ils leurs opérations? Vous diriez probablement 'grâce à nos impôts'. C'est vrai, mais que représentent nos impôts dans le financement global? 100%? 50%? 10%? En réalité, dans de nombreux pays, les impôts ne couvrent qu'une petite portion du financement public. Alors, d'où vient le reste? La réponse est simple: les gouvernements s'endettent. Ils contractent des prêts auprès des banques centrales et émettent des bons du Trésor, qui sont des titres de dette. Ces titres sont achetés par des banques commerciales, des institutions financières, des particuliers, et surtout, par les banques centrales.
Les banques centrales créent de la monnaie pour prêter directement aux gouvernements et "indirectement" en achètent leurs propres bons du Trésor. Pourquoi ces titres sont-ils si attrayants? Parce qu'ils sont perçus comme des investissements sûrs, les gouvernements étant vus comme des emprunteurs fiables. En cas de manque de recettes fiscales pour rembourser les dettes et les intérêts à l’échéance, ils peuvent simplement refinancer les dettes par de nouveaux emprunts. D'où l'expression "l'Etat ne peut pas faire faillite".
Cela soulève une question, peut-être absurde, mais légitime: pourquoi alors payons-nous des impôts si l'État peut s'endetter à l'infini et que nos impôts représentent qu’une part peu significative du financement public? Le président d’El Salvador, Nayib Bukele, a lui-même posé cette question lors d'une récente conférence. Sa réponse? Pour maintenir l'illusion que c'est le peuple qui doit travailler en produisant des biens et services pour financer le pays, que la situation du pays et le bien-être collectif c’est la responsabilité du peuple ou qu'il peut influencer la direction du pays. C'est pourquoi l'inflation est souvent qualifiée d’impôt caché. L’expansion constante de la masse monétaire par l’Etat entraîne une dévaluation de la monnaie, surtout quand elle surpasse la production des biens et services, augmentant, logiquement, le coût des biens et services, réduisant ainsi notre pouvoir d'achat ou notre capacité à accumuler de l’argent. C’est une façon indirecte de donner une part de nos avoirs à l’Etat. Bien sûr, si nos revenus suivaient l'évolution de l'inflation de près, augmentant parallèlement à celle-ci, nous aurions une chance de nous en sortir. C'était d'ailleurs le cas jusqu'aux années 1970, avant l'abolition de l'étalon-or. Depuis lors, notre pouvoir d'achat ne cesse de se détériorer année après année.
Sans vouloir faire l’avocat du diable, tout cela pourrait être justifiable si tout était réellement fait dans l’intérêt de la population. Mais, quand on se penche sur l’histoire, elle nous raconte une tout autre réalité. Prenons l'exemple de la France de nos jours. On y observe une dégradation constante des services publics: le système de santé publique est sous pression, les écoles sont en difficulté, et les infrastructures publiques se détériorent, alors que la dette publique s’élève à environ 3’000 milliards d’euros. Certes, la France reste l’un des meilleurs pays où vivre, avec un haut niveau de vie dans de nombreux domaines, mais il existe un énorme écart entre le montant colossal de dette et l’état général du pays. Un pays avec une dette de 3’000 milliards d’euros devrait ressembler à un véritable paradis pour ses citoyens. Alors, où est passé tout cet argent?
Les gouvernements ne sont pas les seuls à tirer parti de ce système. Certains historiens et économistes suggèrent même que ce système a été conçu sous pression et pour avantager l’élite mondiale.
Vous vous êtes déjà demandé pourquoi les ultra-riches sont aussi les plus endettés au monde? Voici comment cela fonctionne: ils empruntent pour acheter des actifs (terrains, immeubles, actions, bons du Trésor, or, bitcoins, etc.), puis ils empruntent à nouveau contre ces actifs pour en acquérir davantage. Et comme on peut créer de la monnaie à partir de rien pour financer des actifs dont l’offre est limitée, la monnaie perd inévitablement de sa valeur. Plus leurs actifs se valorisent, plus ils peuvent refinancer leurs dettes, ce qui leur permet d’acheter encore plus d'actifs. C'est pourquoi les monnaies sont en constante dévalorisation et, presque tous les autres actifs, en constante valorisation.
C'est exactement ce que nous avons observé durant la pandémie de COVID-19. Les banques centrales du monde entier ont abaissé les taux d’intérêt à zéro ou presque, et ceux ayant des connexions privilégiées avec ces banques ont profité de cet argent "gratuit" pour acheter des actifs en masse. C’est pourquoi les prix des actions, de l'immobilier et des cryptomonnaies ont explosé en 2021. Les principaux détenteurs d'actifs, les milliardaires, sont devenus encore plus riches, tandis que la majorité a vu ses espoirs de prospérité s'éloigner.
Beaucoup d'entre eux n'ont même pas besoin de revenu. Ils vivent de l'argent emprunté. Puisqu'ils peuvent continuellement emprunter contre leurs actifs, qui s'apprécient en valeur, ils n'ont pas besoin de vendre leurs biens pour obtenir de la liquidité. Cela leur permet d'éviter l'impôt sur le revenu, l’impôt sur la plus-value (puisqu'ils ne les vendent pas), et de réduire leur imposition sur la fortune grâce à l'endettement. Ils parviennent même à alléger considérablement le fardeau de leurs dettes pour leurs héritiers, exploitant des "failles fiscales". Aux États-Unis, cette stratégie est connue sous le nom de buy, borrow, die (acheter, emprunter, mourir). Quand on dit que les riches deviennent toujours plus riches, c'est ainsi qu'ils y parviennent.
Théoriquement, la solution la plus simple serait de retirer aux banques centrales et commerciales la capacité de créer de la monnaie en quantités illimitées. Une manière d'y parvenir serait de revenir à un système monétaire solide, comme celui où les monnaies étaient adossées à l'or. On pourrait tout aussi bien s'appuyer sur des biens immobiliers, d'autres matières premières ou même des cryptomonnaies possédant des caractéristiques similaires à l'or, comme le Bitcoin. Dans un système monétaire solide, la création de monnaie serait directement liée à la production des choses qui son en harmonie avec les 7 critères.
Cela signifie que l'offre de monnaie serait limitée et pas en libre expansion. Notre pouvoir d'achat serait ainsi préservé au fil du temps. De fait, dans ce système, nous pourrions protéger notre pouvoir d'achat simplement en épargnant, sans avoir à investir dans des actifs plus ou moins risqués, souvent manipulés par des entreprises bien capitalisées, pour compenser la dévalorisation continue de nos économies due à l'inflation.
Alors pourquoi ne pas mettre cela en place? Comme expliqué précédemment, ce sont les gouvernements et l'élite mondiale qui ont instauré ce système pour en tirer profit. Si nous revenions à un système monétaire solide, ceux dont la richesse repose sur des actifs contre lesquels ils ont emprunté de l'argent seraient gravement touchés, car il leur serait extrêmement coûteux d'emprunter et de rembourser leurs dettes. Ils seraient alors contraints de vendre leurs actifs, qui sont précisément la source de leur pouvoir et de leur influence. Si l'élite mondiale peut influencer l'avenir de la société, c'est parce qu'elle contrôle la grande partie des biens, des matières premières et des infrastructures mondiales. La nécessité de se défaire d'une portion significative de ce patrimoine entraînerait inévitablement une érosion de leur pouvoir et de leur influence.
Les gouvernements, avec leurs dettes colossales, seraient également confrontés à des difficultés majeures. Ils risqueraient de faire défaut, provoquant ainsi des changements de régime et une restructuration profonde des opérations gouvernementales. Par ailleurs, les organisations internationales soutenues par la création artificielle de monnaie risqueraient d'être dissoutes, emportant avec elles leurs projets de centralisation et de gouvernance mondiale.
C'est pourquoi les monnaies sont vouées à perdre continuellement de la valeur. On peut éventuellement suspendre temporairement l’expansion monétaire et même réduire légèrement la masse monétaire, ce que les banques centrales font périodiquement quand le taux d'inflation devient alarmant, en augmentant activement les taux d'intérêt. C'est ce qu'on a fait récemment depuis 2022. Mais cela ne peut durer que quelques années. L'élite peut patienter un temps, mais tôt ou tard, elle aura de nouveau besoin de liquidité et il n'est pas dans son intérêt que les monnaies se revalorisent. La preuve: en 2024, certaines banques centrales ont déjà commencé à baisser les taux. Ce mois-ci, ce sera très probablement le tour de la banque centrale américaine.
Conclusion
Vous faites très certainement partie soit de la génération qui a grandi avec l'idée que 'il faut épargner de l’argent et que les dettes sont à éviter et à rembourser le plus rapidement possible, soit de la génération à qui l’on a donné ce conseil. Ce conseil était tout à fait pertinent il y a plus de 50 ans. Aujourd’hui, cela ne fait aucun sens. Les devises font partie des pires actifs que l’on puisse accumuler. Certes, des monnaies comme le Dollar, l’Euro et le Franc suisse restent bien supérieures à celles des pays d’Amérique latine, d’Afrique ou d’Asie, où l'inflation atteint des niveaux records. Dans ces régions, les populations déploient quotidiennement des efforts considérables pour échanger leurs monnaies locales contre des dollars, des euros ou des francs suisses. Si nos salaires sont versés dans ces devises, nous sommes déjà, d'une certaine manière, privilégiés.
Cependant, une fois que l’on comprend que les monnaies et les instruments financiers associés sont exploités par une poignée d’acteurs pour accumuler pouvoir et influence, il devient évident qu’il est une erreur de concentrer nos efforts sur leur accumulation. De même, il serait erroné de voir les dettes comme quelque chose à éviter. Bien sûr, si vous vous endettez pour consommer, par exemple, des services et biens de luxe qui, par nature, sont voués à perdre de la valeur, sauf des biens très précis, vous allez à contresens. Je parle ici de l’utilisation du crédit comme un outil pour accéder à des actifs qui représentent une forme d’argent fort: immobilier, métaux précieux, crypto-monnaies, actions, obligations... L'inflation favorise les emprunteurs car le niveau réel de leur dette diminue car la somme rendue est de l'argent déprécié (pour un prêt non indexé sur l'inflation, bien sûr). Rappelez-vous des critères que nous avons analysés et utilisez-les pour différencier l’argent faible de l’argent fort. Acquérez des choses qui non seulement s’apprécient dans le le temps - ce qui n’est pas très difficile compte tenu de la dévaluation constante des monnaies - mais qui vous génèrent également un revenu passif. Par exemple, vous pouvez acheter ces fameux bons du Trésor et percevoir un rendement passif quasiment garanti, car "l'État ne peut pas faire faillite". Ne vendez pas vos actifs, refinancez-les. Si vous les vendez, non seulement vous devez payer des impôts sur la plus-value, mais vous le faites contre de l’argent faible. Demandez conseil à un professionnel pour optimiser vos finances, envisagez de souscrire un troisième pilier et d'effectuer des placements stratégiques. Petit à petit, vous cesserez de travailler pour l'argent, et c'est l'argent qui commencera à travailler pour vous.
Prenez le temps, ou faites appel à un professionnel, pour bien comprendre les subtilités de l’administration fiscale de votre localité. Exploitez les zones grises de la loi. Si elles existent, ce n’est pas par hasard. Se plaindre de l’injustice du système ne sert à rien. Nous sommes tous des joueurs dans une partie où les règles changent constamment. Adaptez-vous le plus rapidement possible et souvenez-vous, il ne faut pas détester les joueurs ; c'est le jeu qui est à remettre en question.
Que l'argent fort soit avec vous.